par Jean de La Fontaine
Deux Mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé,
l’autre portant l’argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
n’eût voulu pour beaucoup en être soulagé ;
Il marchait d’un pas relevé,
et faisait sonner sa sonnette ;
quand l’ennemi se présentant,
comme il en voulait à l’argent,
sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
le saisit au frein et l’arrête.
Le Mulet, en se défendant,
se sent percé de coups; il gémit, il soupire.
— Est-ce donc là , dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
ce Mulet qui me suit, du danger se retire,
et moi, j’y tombe, et je péris.
— Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi :
si tu n’avais servi qu’un meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.
"Les deux mulets" a été publié dans le livre suivant :
Avec Images de André Hellé
Édition de 1946
URL: http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32337706g
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